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Comprendre la perception de la pauvreté par les populations permet d'analyser utilement le phénomène, au-delà des définitions générales, et de mettre en place les politiques appropriées au contexte national.

La notion de pauvreté se réfère à une norme, un standard de vie implicite ou explicite, avec une référence absolue ou relative pour une société donnée. En Centrafrique, l'enquête participative a permis de recueillir les avis des populations sur le phénomène afin de lui donner un réel contenu.

Il apparaît ainsi qu'en Centrafrique, la pauvreté est « l'incapacité d'une personne à subvenir à ses besoins essentiels ». On peut restituer la perception de la pauvreté par la population centrafricain comme suit : « la pauvreté se définit par l'absence totale des biens qui concourent au bien-être : c'est une situation dans laquelle quelqu'un n'a pas d'argent, manque des moyens pour se faire soigner. C'est quand quelqu'un mène une vie difficile par rapport aux autres, qu'il manque de nourriture et que l'accès aux besoins essentiels de base est difficile pour lui. »

D'après les résultats de l'enquête sur la pauvreté menée par la banque mondiale (profil de pauvreté en RCA, Banque Mondiale, avril 2007), celle-ci se caractérise par dix problèmes prioritaires auxquels les populations sont confrontées :

  1. la mauvaise gouvernance,
  2. les problèmes liés à l'insécurité,
  3. la faiblesse des revenus,
  4. l'inefficacité de l'éducation et la formation,
  5. les problèmes de santé,
  6. la corruption,
  7. le manque d'emploi et l'absence d'opportunités,
  8. le manque d'eau potable,
  9. l'absence d'une politique de renforcement des capacités nationales et
  10. les problèmes environnementaux.

Les problèmes retenus comme prioritaires sont ceux qui ont obtenu les scores les plus élevés lors de l'enquête. Ils sont revenus dans toutes les déclarations des participants pris en groupe ou individuellement et dans toutes les régions.

L'enquête a également révélé l'importance particulière de trois éléments, qui selon les populations jouent un rôle majeur dans la faiblesse de leurs conditions de vie.s.

(i) La mauvaise gouvernance est la dimension qui occupe de très loin la première place dans tous les rapports de consultation participative aussi bien avec les groupes que les personnes ressources, et ce quel que soit le lieu de résidence, le groupe de participants et la région. Le principal élément cité dans cette dimension est l'abus de pouvoir par les autorités ou les agents de l'Etat dans les différentes régions du pays, mais l'interprétation de cette préoccupation peut être fondée sur le déficit de services sociaux et administratifs non disponibles ou accessibles aux populations, déficit dû aux difficultés de l'Etat à affirmer sa présence auprès des populations.

(ii) Les problèmes liés à l'insécurité et à l'absence de paix arrivent au deuxième rang. L'insécurité est une question souvent évoquée par les participants dans les entretiens réalisés. Cette insécurité apparaît comme l'une des préoccupations majeures, quel que soit le milieu ou la région. Cependant, les problèmes liés à l'insécurité ne semblent pas être les seules conséquences des récents conflits dans le pays, mais ils sont aussi liés à la dégradation des conditions de vie et des valeurs sociales. C'est visiblement la raison pour laquelle ils se manifestent même dans les zones qui ne sont pas directement touchées par ces conflits. Les principales manifestations de l'insécurité évoquées sont les cas des exactions des coupeurs de route, les braquages en ville et les barrages illicites.

(iii) La faiblesse des revenus. Deux problèmes principaux ont été évoqués à cet égard : la faible circulation des liquidités dans le pays et les difficultés d'accès au microcrédit. La position de ce troisième aspect peut surprendre car la faiblesse ou l'absence de revenus est traditionnellement assimilée à la pauvreté. Cependant, en Centrafrique, cette surprise doit être nuancée compte tenu du passé récent du pays ponctué de crises et de conflits. Toujours est-il que la présente stratégie de réduction de la pauvreté doit être orientée vers la promotion de la bonne gouvernance et le rétablissement de la sécurité en même temps que vers la promotion des activités génératrices de revenus favorables aux pauvres.

Ces thématiques reflètent bien les préoccupations des populations recueillies à l'issue des consultations participatives, réalisées lors de la première phase du processus d'élaboration du DSRP ; par conséquent, elles fondent la stratégie de réduction de la pauvreté en Centrafrique.