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Pauvreté monétaire | Imprimer |  Envoyer

Du point de vue de la pauvreté monétaire, est pauvre tout individu dont le revenu (ou la dépense) est inférieur à un seuil fixé. Quant au seuil de pauvreté, il est estimé selon la méthode du coût des besoins de base. Cette estimation donne un seuil national de 156 079 FCFA (US$ 312) par an et par équivalent adulte pour l’année 2003.

Sur la base de ces éléments, il s’avère que la pauvreté est un phénomène répandu en RCA. En effet, plus de deux tiers de la population (67,2 %, soit 2 618 000 personnes) vivaient en dessous du seuil de pauvreté national en 2003.

Cette pauvreté est également répandue dans le pays car l’écart moyen à la pauvreté nationale est de l’ordre de 32,3 %, ce qui correspond à un déficit de consommation de l’ordre de 48 %. Autrement dit, il faudrait donc accroître le niveau de consommation des pauvres de 48 % pour les faire sortir de la pauvreté monétaire.

L’analyse géographique de la pauvreté montre qu’aucun milieu n’est épargné par le phénomène, même si la pauvreté est relativement moins importante à Bangui. La moitié de la population de Bangui est pauvre. La capitale concentre 16 % de la population du pays et près de 12 % des pauvres. Le milieu urbain compte environ 60 % de pauvres dans sa population. A l’opposé, le milieu rural connaît un taux de pauvreté de près de 72 %. Avec un poids démographique équivalent à 62 % de la population du pays, le milieu rural concentre près des deux tiers des pauvres. Cette forte concentration des pauvres en milieu rural découle de la combinaison d’un taux de pauvreté plus élevé et d’un poids démographique important.

Carte d'incidence de la pauvreté monétaire par préfecture

 

L’analyse régionale de la pauvreté montre que les Régions 3, 4 et 6 ont des taux de pauvreté supérieurs à la moyenne nationale (cf. Graphique 2). La Région 3, la deuxième région la plus peuplée du pays, concentre à elle seule plus du quart de la population pauvre. La Région 2, la plus peuplée, concentre un peu plus d’un cinquième des pauvres.

Quelques tentatives d’explications de cette relative prépondérance de la pauvreté peuvent être avancées. D’abord, les Régions 2 et 3 sont celles où les conflits armés ont été les plus violents et, étant donné que les enquêtes ECVM (Enquêtes sur les Conditions de Vie Moyennes) ont eu lieu en 2003, juste après les troubles, les populations en souffraient encore plus qu’ailleurs. En ce qui concerne les Régions 4 et 6 (extrême est et centre-est du pays), elles sont connues pour leur pauvreté chronique (Profil de la pauvreté en RCA, Banque mondiale, janvier 2007), peut être du fait d’un déficit en infrastructures socio-économiques limitant l’accès aux marchés et à d’autres opportunités. De plus, ces régions des savanes sont orientées vers la culture du coton et du café et ont connu de sérieuses difficultés ces dernières années avec la chute des cours de ces matières premières, l’absence d’encadrement et de crédits de campagne. A l’opposé, le niveau de pauvreté relativement moins élevé dans la Région 5 (la moins peuplée du pays) tient aux ressources minières de son sous-sol et à la capacité des populations à engranger des

revenus, même modestes. S’agissant de la capitale caractérisée par la plus faible incidence de la pauvreté, c’est la région qui dispose de la quasi-totalité des infrastructures socio-économiques et qui offre les rares emplois salariés.

Les inégalités en RCA sont importantes mais restent dans la moyenne de ce que l’on rencontre généralement en Afrique subsaharienne. Le niveau moyen de consommation par équivalent adulte des 20 % des ménages les plus riches est près de dix fois plus élevé que celui des 20 % les plus pauvres. Un examen des inégalités au sein des régions (cf. Tableau 1) tend à montrer que les régions les plus pauvres ne sont pas nécessairement les plus inégalitaires. Ainsi, la Région 6, la deuxième région la plus pauvre, possède l’indice de Gini le plus faible (répartition de la richesse la moins inégalitaire), tandis que la Région 3, la plus pauvre, affiche un indice de niveau moyen. A contrario, à l’exception notable de Bangui, la pauvreté est la moins importante dans les autres régions où les inégalités tendent à être élevées.

De fortes inégalités dans la répartition de revenus se traduisent par des écarts significatifs et visibles dans les niveaux de vie dans une localité donnée, et par conséquent, peuvent engendrer des frustrations. Il importe donc dans la formulation de la stratégie de réduction de la pauvreté d’opter pour un mode de répartition de la richesse équitable et équilibré. La promotion d’une croissance pro-pauvre est une solution pour la réduction des inégalités.