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La République Centrafricaine a ratifié de nombreux traités internationaux et programmes d’action relatifs aux droits humains. Au niveau national, la volonté politique du Gouvernement s’est récemment traduite par l’adoption de la constitution du 27 décembre 2004 reconnaissant que tous les Centrafricains sont égaux dans tous les domaines de la vie économique, politique et sociale, l’adoption d’une politique nationale de population et l’adoption de la politique nationale de la promotion de l’égalité et de l’équité en 2005. Mais malgré ces avancées, les inégalités entre sexes persistent.

Les femmes sont sous-scolarisées et en majorité analphabètes et les filles subissent encore aujourd’hui les mêmes inégalités. La Centrafrique a des taux de scolarisation féminins parmi les plus faibles d’Afrique centrale. En 2003, le taux net de scolarisation des filles était de 36,9 %, contre 44,3 % chez les garçons. Le nombre de femmes analphabètes (68 %) est plus élevé que celui des hommes (46,2 %). Les causes de ces inégalités sont nombreuses et bien connues. Elles sont d’ordre économique, institutionnel et socio-culturel.

Les femmes sont encore faiblement impliquées dans la gestion et dans le contrôle des ressources en raison des pratiques sociales, politiques, juridiques et culturelles discriminatoires. Elles sont marginalisées et de plus en plus vulnérables. Elles ne peuvent facilement accéder aux prêts bancaires par manque de garanties, ce qui les empêche également d’améliorer ou de développer des activités agricoles et de se procurer des revenus monétaires.

Premières victimes des derniers conflits politico-militaires, elles continuent de subir des violences d’une extrême gravité : selon l’Enquête à indicateurs multiples (MICS 2006), 14,2 % sont victimes de violences sexuelles en milieu urbain, contre 9,5 % en milieu rural.

Faiblement représentées dans les institutions de l’Etat, elles ne comptent que 11 députés sur 105 à l’Assemblée nationale. Quatre femmes siègent au Gouvernement sur un effectif de 26 ministres. Au niveau d’un corps comme la magistrature, la situation se présente comme suit : magistrats : 5 femmes contre 43 hommes ; greffiers : 6 femmes contre 83 hommes ; notaires : 3 femmes contre 5 hommes ; avocats : 7 femmes contre 50 hommes ; régisseurs : 1 femme contre 15 hommes. Les obstacles fondés sur la différence des sexes sont donc encore très nombreux et compliquent la participation des femmes à l'exercice du pouvoir. Au niveau de la gouvernance locale, on ne compte que 6 maires femmes contre 66 de sexe masculin.

Faiblement impliquées dans la formulation des politiques, des programmes et des projets de développement, elles ne sont considérées que comme de simples « consommatrices ». En raison de leur poids démographique, elles doivent bénéficier des mêmes possibilités que les hommes, et dans les mêmes conditions, du droit de s'exprimer, de décider, de participer à la conception, au suivi et à l’évaluation des programmes de développement.

Défavorisées par un cadre juridique et règlementaire discriminatoire, la plupart d’entre elles ne connaissent pas leurs droits. Elles ne peuvent donc pas les défendre. La situation est plus dramatique chez les analphabètes, car les textes sont dans leur grande majorité écrits en français. La faiblesse ou l'absence d'un statut juridique reconnu à la femme s’explique partiellement dans les fondements et les mécanismes de la société centrafricaine. Cette situation prive les femmes du pouvoir de décision, de la gestion, du contrôle des ressources et des biens qui ne peuvent que rarement leur appartenir.

Faiblement impliquées dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits, les femmes sont aussi les premières victimes des guerres. On comprend dès lors le sens de la Résolution 1325 des Nations Unies qui recommande aux gouvernements d’impliquer davantage les femmes dans le règlement des conflits et la reconstruction post-conflit.

Ignorées des statistiques officielles et de la comptabilité nationale, le rôle que jouent les femmes dans le développement est souvent invisible, faute de données démographiques et sociales pour le mettre en exergue. D’où la nécessité de promouvoir des enquêtes, des études et des recherches, la collecte et l’analyse des données démographiques et dans d’autres disciplines connexes pour mieux appréhender les inégalités de genre en Centrafrique.